
AVIS D'EXPERT | Pierre Bonnet | Publié le 17 Novembre 2025
Energie et environnementIndustrieLa croissance du marché français du recyclage des plastiques repose en grande partie sur les obligations d’incorporation de matières recyclées dans les produits. Depuis 2025, les fabricants de bouteilles en PET doivent intégrer au moins 25% de plastique recyclé dans leurs intrants, une proportion qui atteindra 30% d’ici 2030. Cette obligation sera peu à peu étendue à l’ensemble des bouteilles en plastique. Ces mesures dopent la demande adressée aux recycleurs par les plasturgistes et les producteurs d’emballages. Mais à elles seules, elles ne suffiront pas à faire décoller le marché. Sa dynamique dépendra surtout de la capacité des industriels à aller au-delà du cadre réglementaire, en misant sur la compétitivité des plastiques recyclés face aux matériaux vierges et sur l’essor de nouvelles filières de valorisation (emballages complexes, PVC, etc.).
Avec un taux de recyclage de 27% pour les plastiques d’emballages ménagers en 2023, la France reste très en deçà de la moyenne européenne et loin de l’objectif de 55% fixé pour 2030. Le contraste est saisissant : le verre affiche un taux de recyclage de 86%, le papier-carton 69%. Pourtant, près des deux tiers des emballages ménagers plastiques sont techniquement recyclables dans les filières existantes. Les bouteilles et flacons, majoritairement en PET, concentrent aujourd’hui les meilleurs taux (environ 60%) grâce à des technologies de recyclage bien maîtrisées.
Et ce retard pèse lourd. La France verse en effet chaque année plus de 1,6 milliard d’euros à l’Union européenne au titre des 1,9 million de tonnes de plastiques non recyclés. À titre de comparaison, la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Espagne dépassent déjà les 50% de recyclage. Ces écarts s’expliquent notamment par des politiques plus coercitives (interdiction de l’enfouissement, tarification incitative des déchets ménagers) qui encouragent le tri à la source.
La généralisation, depuis 2023, des nouvelles consignes de tri regroupant tous les plastiques ménagers dans un même bac a beaucoup complexifié la tâche des recycleurs. Les flux collectés contiennent désormais une grande diversité de résines aux caractéristiques très variées. En moyenne, seuls 65% des déchets plastiques sont recyclables (principalement le PET et le PEhd) tandis que 15% relèvent de filières encore émergentes.
Pour garantir la qualité du recyclage, une étape supplémentaire de surtri est nécessaire. Mais elle suppose des investissements lourds, que les 120 centres de tri actuels ne peuvent absorber. La création de centres de surtri spécialisés s’impose donc comme un levier clé pour améliorer la pureté des résines sans exploser les coûts. Sous la coordination de Citeo, un réseau territorial se met en place. Trois centres sont déjà opérationnels (Suez, Bourgogne Recyclage, Environnement Massif Central) et un quatrième ouvrira d’ici 2026.
Face à la diversité croissante des déchets et à l’augmentation des volumes, les recycleurs misent sur l’innovation pour accroître la performance et l’efficacité de leurs process. L’automatisation avance à grands pas, portée par des technologies de tri de plus en plus sophistiquées : spectrométrie proche infrarouge (NIR), tri optique, capteurs magnétiques ou encore télé-opération assistée. Ces systèmes affichent désormais des taux d’erreur inférieurs à 5%.
Les emballages multicouches, associant plusieurs matériaux, restent toutefois un casse-tête. Faute de solutions adaptées, ils finissent souvent incinérés ou mis en décharge. Les acteurs du secteur se tournent vers l’intelligence artificielle. Grâce au deep learning, les machines apprennent à reconnaître non seulement la matière mais aussi la forme et le type d’emballage. Ce saut technologique permet de réduire la dépendance au tri manuel et d’améliorer la fiabilité des chaînes. De nombreuses start-up françaises investissent ce créneau, soutenues par les grands opérateurs du recyclage comme Suez, qui intègrent peu à peu ces outils dans leurs infrastructures. Une évolution décisive pour faire du recyclage des plastiques un véritable pilier de l’économie circulaire.
Le taux de recyclage des plastiques d’emballages ménagers en France plafonne à 27%, contre un objectif européen de 55% d’ici 2030. Ce retard s’explique par plusieurs facteurs : un tri à la source encore perfectible, une collecte hétérogène selon les territoires, le coût élevé du recyclage des résines complexes et la prédominance de l’incinération. Par ailleurs, certaines filières de traitement (comme le PVC ou les emballages multicouches) sont encore peu développées.
Depuis 2025, les fabricants de bouteilles en PET doivent intégrer au moins 25 % de plastique recyclé dans leur production. Cette part, qui atteindra 30% en 2030, sera étendue à l’ensemble des bouteilles en plastique. Ces obligations stimulent la demande de matière recyclée mais la compétitivité du plastique recyclé par rapport au plastique vierge reste un enjeu clé pour le marché.
Les centres de surtri sont des installations complémentaires aux centres de tri classiques. Leur rôle est de séparer plus finement les différentes résines plastiques (PET, PEhd, PP, etc.) pour améliorer la qualité des flux recyclés. Ils deviennent indispensables avec la généralisation des nouvelles consignes de tri, qui regroupent désormais tous les plastiques ménagers dans un même bac. Citeo pilote actuellement la création d’un réseau national de ces centres spécialisés.
Le recyclage des plastiques est un levier majeur de l’économie circulaire car il permet de réduire la dépendance aux matières premières vierges, de limiter les émissions de CO2 et de favoriser la relocalisation industrielle. Le développement de filières de recyclage performantes est essentiel pour atteindre les objectifs environnementaux français et européens.
L’objectif est ambitieux mais accessible, à condition de renforcer la collecte, de développer les filières de surtri et de recyclage chimique et d’encourager les industriels à dépasser leurs obligations réglementaires. L’investissement dans les technologies de tri et la généralisation des consignes de tri harmonisées seront également déterminants.
Panorama des acteurs, perspectives du marché et défis de la filière française à l’horizon 2028
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