
AVIS D'EXPERT | Lauric Berthier | Publié le 02 Décembre 2025
IndustriePorté par la dynamique des start-up et des investissements privés, le New Space bouleverse les rapports de force au sein de la filière spatiale. En favorisant des approches technologiques agiles et orientées marché, il remet en cause la domination des grands acteurs historiques. Ce changement de paradigme oblige les industriels traditionnels, comme ArianeGroup, à réviser leurs modèles économiques et accélérer leur transformation face à une concurrence mondiale exacerbée.
L’essor du New Space est porté par l’ambition de rendre l’espace beaucoup plus accessible et ainsi d’en décupler les potentialités d’exploitation. C’est une nouvelle approche du spatial qui fonctionne à partir du marché à desservir, par rupture technologique. L’Américain SpaceX est considéré comme le pionnier du New Space. Il est devenu un champion à la fois des lanceurs, de la construction de smallsats et de l’exploitation d’une constellation de satellites. Une approche en rupture avec le cadre techno-industriel qui prévalait jusqu’à présent dans l’industrie spatiale et qui privilégiait un nombre très restreint de grands industriels et acteurs publics.
Entre l’afflux d’investissements privés, l’émergence de nombreuses start-up et les projets des agences spatiales, le marché du New Space présente un potentiel de croissance important. Safran a par exemple annoncé sa volonté d’atteindre 500 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le spatial en 2027 ou 2028, contre 350 millions en 2023. Il prévoit pour cela d’ouvrir deux usines de moteurs électriques pour minisatellites à Vernon (Eure) et dans aux Etats-Unis, dans le Colorado. Le rachat de Preligens en septembre 2024, start-up spécialisée dans l’imagerie satellitaire, s’inscrit dans cette optique. Plusieurs autres jeunes pousses françaises du New Space ont par ailleurs accéléré leur développement ces derniers mois. Le fabricant de propulseurs pour nanosatellites ThrustMe a par exemple pris position sur le marché nord-américain début 2025 en nouant des partenariats avec une dizaine d’entreprises outre-Atlantique. La société francilienne Dark, qui développe une technologie de capture de débris spatiaux baptisée Interceptor, a pour sa part ouvert son capital en 2024 à un fonds d’investissement américain. Elle prévoit d’installer prochainement ses équipes sur l’aéroport de Bordeaux et de réaliser son premier vol en 2026.
Face à l’émergence des acteurs du New Space, et en particulier de SpaceX, ArianeGroup a répliqué avec le développement d’Ariane 6 qui devait réduire les coûts de production de 40% par rapport à Ariane 5.Plusieurs fois repoussé, le vol inaugural d’Ariane 6 a finalement eu lieu le 9 juillet 2024. Sa première mission commerciale a ensuite, elle aussi, fait l’objet de reports pour être finalement réalisée en mars 2025 avec le lancement du satellite espion français CSO-3. Quatre autres lancements sont prévus dans l’année, dont celui du satellite météorologique Metop-SG-A1 et celui du Sentinel-1D du programme d’observation de la Terre Copernicus. L’objectif est ensuite d’atteindre un rythme d’une dizaine de missions réalisées chaque année d’ici 2027. Cette montée en charge apparaît indispensable pour faire face à la demande puisque le carnet de commandes compte déjà 32 vols à réaliser. La reprise des lancements de fusées Ariane permettra de relancer la filière française de production de lanceurs après le long trou d’air consécutif à l’arrêt de la production d’Ariane 5 et aux retards du programme Ariane 6.
Le New Space désigne une nouvelle approche de l’industrie spatiale, dominée par les start-up et les investissements privés, qui visent à rendre l’accès à l’espace plus accessible, rapide et compétitif. Contrairement à l’ancien modèle dominé par les grands groupes publics, le New Space repose sur des technologies agiles, des coûts réduits et une logique de marché centrée sur les besoins des clients.
Les leaders mondiaux du New Space incluent SpaceX, Rocket Lab ou encore Planet Labs aux États-Unis. En Europe et en France, plusieurs jeunes entreprises émergent, comme ThrustMe (propulsion pour nanosatellites), Dark (capture de débris spatiaux) ou Exotrail (systèmes de propulsion). Des groupes établis comme Safran ou ArianeGroup se repositionnent également sur ce segment pour rester compétitifs.
La France figure parmi les pays européens les plus dynamiques du New Space grâce à son écosystème d’innovation spatiale (CNES, incubateurs, fonds dédiés). Des acteurs comme Safran, ThrustMe, Dark ou Preligens montrent la capacité française à innover et à attirer des capitaux internationaux, tout en collaborant avec les grands programmes européens comme Copernicus ou Ariane 6.
ArianeGroup a lancé le développement d’Ariane 6, un lanceur plus modulaire et économique censé réduire les coûts de 40% par rapport à Ariane 5. Après un vol inaugural réussi en juillet 2024, la société prévoit d’atteindre un rythme industriel de 10 lancements par an d’ici 2027, pour honorer un carnet de commandes déjà bien rempli.
D’ici 2030, le New Space devrait continuer à transformer les chaînes de valeur, avec une intégration accrue des services spatiaux dans les secteurs terrestres (mobilité, défense, agriculture, environnement). La course à la rentabilité, la gestion des débris spatiaux et la régulation internationale seront des enjeux clés pour la durabilité du modèle.
Les perspectives à l’horizon 2027 et les stratégies gagnantes de montée en cadence
Recevez par email toute l’actualité liée au secteur :
Les données collectées serviront uniquement pour vous envoyer les lettres d'information. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans chaque envoi. En savoir plus dans notre politique de confidentialité.
À lire aussi
INFORMATION
xL’étude Xerfi Previsis vous a été transmise par courriel. Cliquez sur le lien disponible dans cet email pour accéder gratuitement à la parution du mois.
Notre équipe met tout en oeuvre pour vous répondre dans les plus brefs délais.
L’ÉTUDE A ÉTÉ AJOUTÉE A VOTRE PANIER
POURQUOI UN COOKIE ?Continuer sans accepter >
Le groupe XERFI utilise et stocke des informations non sensibles obtenues par le dépôt de cookies ou technologie équivalente sur votre appareil. L’utilisation de ces données nous permet de mesurer notre audience et de vous proposer des fonctionnalités et des contenus personnalisés. Nous souhaitons ainsi nous assurer que nous fournissons l’expérience la plus informative pour nos visiteurs.
Les données stockées par XERFI ne sont en aucun cas partagées avec des partenaires ou revendues à des tiers à des fins publicitaires. Vous pouvez librement donner, refuser ou retirer à tout moment votre consentement en accédant à notre page de gestion des cookies.
PERSONNALISEZ LE STOCKAGE DE VOS DONNÉES
Vous pouvez librement et à tout moment modifier votre consentement en accédant à notre outil de paramétrage des cookies.