

FIL D'INFO - LE BLOG DES SECTEURS
Publié le 11 Février 2022
En effet, la question n’est plus de savoir si le développement de la filière hydrogène aura lieu mais à quel rythme et selon quelles modalités. Encore considéré comme une niche voilà quelques années, l’hydrogène s’est soudainement imposé comme un maillon indispensable de la transition énergétique. Accélérée par la crise du Covid-19, avec pour corollaire les plans de relance, la bascule s’est opérée en quelques années. L’emballement actuel doit beaucoup à l’engagement massif en faveur de l’hydrogène de presque tous les grands pays, avec déjà des objectifs chiffrés et promesses d’investissement publics de près de 40 milliards de dollars. Ce soutien public, conjugué aux évolutions technologiques, a permis la multiplication des projets prévoyants de recourir à l’hydrogène décarboné, en particulier dans l’industrie et les transports. La France occupe à cet égard une place de choix. Avec la Stratégie Hydrogène de septembre 2020 (7,2 milliards d’euros de soutien public d’ici 2030) complétée un an plus tard d’une enveloppe supplémentaire de 1,9 milliard d’euros dans le cadre du plan France 2030, l’Hexagone est actuellement le pays européen mettant le plus d’argent public sur la table en faveur du développement de la filière hydrogène. Pour l’instant embryonnaire, le tissu industriel tricolore évolue très rapidement. Il existe ainsi déjà quatre grands projets d‘usines de piles à combustible, dont les plus importants sont ceux de Symbio et d’Hyvia. D’ici 2024, la France devrait également compter au moins trois sites de premier plan et plusieurs autres de moindre envergure en matière d’électrolyseurs. Les projets d’envergure sont également nombreux pour la production de réservoirs, de stations de ravitaillement, etc. En parallèle, des projets de production massive d’hydrogène décarboné commencent à se concrétiser, en particulier en Normandie et en Provence, pour les industries pétrochimiques locales.
Les soutiens publics massifs doivent au minimum permettre à la France de s’imposer comme l’un des deux principaux industriels et utilisateurs de la filière l’hydrogène en Europe, derrière l’Allemagne. Contrairement à de nombreux autres pays européens qui prévoient plutôt de développer à l’étranger la production massive de l’hydrogène, dans des zones favorables au solaire et/ou l’éolien, la France veut développer sur son territoire à la fois la fabrication d’équipements et la production massive de l’hydrogène. Le pays vise ainsi une capacité d’électrolyse en service de 6,5 GW en 2030 (contre 5 GW pour l’Italie et le Royaume-Uni ou encore 4 GW pour l’Espagne). A l’horizon 2030, la demande d’hydrogène décarboné en France est estimé à 680 000 tonnes, dont 475 000 pour l’industrie, 300 000 pour les véhicules légers (surtout utilitaires), 5 000 pour les poids lourds ou encore 1 000 à 1 700 pour les stations-services. Ces quelques chiffres montrent que si la mobilité retient l’attention, l’industrie sera de loin le principal débouché de l’hydrogène décarboné au moins pour les 20 prochaines années. Sans oublier que d’autres usages sont en cours d’élaboration ou de massification, comme le remplacement des groupes électrogènes diesel par des générateurs à hydrogène. Dans la mobilité, où la concurrence des batteries est rude, la filière française concentre ses efforts dans les flottes professionnelles (véhicules utilitaires, poids lourds, trains, bateaux et avions). Pour que les ambitions du gouvernement se concrétisent, deux facteurs clés auront une importance décisive : est-ce que l’Union européenne décidera de mettre en place des barrières à l’importation dissuasives face à l’offensive des équipementiers chinois (électrolyseurs notamment) et est-ce que la production d’hydrogène à partir d’électricité nucléaire sera compétitive ?
On peut regrouper les acteurs de la filière en trois grandes familles. Les grands groupes du gaz et de l’énergie (Air Liquide, Engie ou encore EDF) peuvent intervenir sur toute la chaîne de valeur (de la production à la distribution) en dehors de la fabrication d’équipements. Les industriels du transport (Faurecia, Michelin ou Alstom) se positionnent eux sur l’intégration de l’hydrogène dans leurs matériels et/ou la production d’équipements spécifiques (essentiellement réservoirs et piles à combustible). Enfin, la France compte une quarantaine de start-up et PME spécialistes de la filière hydrogène. C’est la cas par exemple de McPhy et Genvia (électrolyseurs), HRS et Atawey (stations de ravitaillement), Symbio et HDF (piles à combustibles), PowiDian et H2SYS (générateurs à hydrogène), Lhyfe et H2V (production massive d’hydrogène). Elles sont de plus en plus nombreuses à passer à l’échelle industrielle grâce à d’importantes levées de fonds et/ou au soutien d’industriels puissants qui parfois les rachètent à l’image de l’acquisition d’Helio Hydrogen Power par Alstom. Car si le soutien des pouvoirs publics est primordial, l’essor de la filière hydrogène passera avant tout par l’investissement privé. A ce titre, les levées de fonds réalisées par les jeunes pousses en France (plus de 410 millions d’euros en 2021 contre environ 210 millions en 2019) et la montée en puissance de fonds d’investissement spécialisés constituent des bonnes nouvelles pour la filière.
Mobilité, industrie, services réseaux : potentiel des marchés à l’horizon 2050, analyse des risques, cartographie des acteurs européens et français
Collaborateur de Xerfi depuis 2012 et aujourd'hui directeur d'études, Pierre Paturel est expert énergie et environnement et spécialiste de l'automobile. Il intervient également dans la rédaction de la note Xerfi Prévisis. Pierre Paturel est titulaire d’un master en intelligence économique de l’Université Lyon III.
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