Screwfix, l'enseigne qui défie la crise du marché du bricolage

Screwfix, l'enseigne du groupe Kingfisher dédiée aux professionnels du bricolage, met les bouchées doubles. Elle a ainsi inauguré coup sur coup cinq magasins dans le Nord, dont deux en janvier 2023 à Valenciennes et à Roncq, après avoir ouvert son site internet en avril 2021. Avec son format compact de magasins de proximité, ses outils numériques performants et sa promesse de valeur axée sur le prix bas, la simplicité et la rapidité, elle veut conquérir un large public de bricoleurs aguerris mais aussi répondre aux attentes des artisans du bâtiment.

Screwfixfait partie intégrante du plan stratégique de Kingfisher qui vise à regagner des parts de marché et réduire l’écart avec son principal concurrent Adeo (Leroy Merlin, Weldom, Bricoman). Et son lancement intervient alors que le marché du bricolage traverse une période difficile comme le révèle notre étude sur le marché du bricolage et du jardinage. Malgré un redressement attendu en 2024 grâce à l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et à une reprise des transactions immobilières, le marché du bricolage est structurellement mature. Les enseignes, qui ont profité d’un afflux massif de clients consécutif à la crise de la Covid-19, se heurtent aujourd’hui à de nouveaux défis en termes de conquête et de fidélisation.

Doper la stratégie omnicanale de Kingfisher

Le lancement de Screwfix va en outre permettre à Kingfisher d’accélérer sur le terrain du e-commerce. Comme la plupart de leurs concurrentes, ses enseignes françaises accusent encore du retard dans ce domaine malgré l’effet accélérateur de la crise de la Covid-19 sur les stratégies digitales, les investissements informatiques et logistiques. Les chantiers sont en effet toujours nombreux (déploiement de la livraison, du ship-from-store, etc.) pour améliorer l’expérience client et renforcer les synergies entre les canaux dans une logique omnicanale.

Directrice experte au sein de Xerfi, Delphine David observe depuis plus de vingt ans la transformation continue du commerce et des usages de consommation. Elle analyse les marchés non seulement à travers leurs performances économiques, mais aussi comme des écosystèmes en recomposition permanente, façonnés par les innovations, les données et les évolutions sociétales.

Ses travaux portent sur un large spectre de secteurs - alimentation, mode, beauté, décoration, bricolage - et s’appuient sur des approches combinant analyses sectorielles, prospective, prévisions d’activité et modélisation des marchés. Elle étudie en particulier la manière dont les canaux se transforment, comment les modèles traditionnels s’hybrident, et comment émergent de nouvelles logiques de valeur : seconde main, déstockage, location, circuits courts, etc.

Dans un univers où la donnée et les technologies accélèrent les cycles d’innovation, elle aide les acteurs du retail à repérer les signaux faibles, à hiérarchiser les enjeux structurants et à anticiper les trajectoires possibles. Ses recommandations visent autant à éclairer les décisions d’investissement qu’à accompagner les transformations opérationnelles ou organisationnelles.

Sa démarche repose sur une lecture rigoureuse des faits et des données : éclairer les tendances structurelles, distinguer l’essentiel du conjoncturel et fournir aux décideurs des clés fiables pour anticiper l’évolution du commerce.