AVIS D'EXPERT | Alexandre Boulegue | Publié le 13 Janvier 2021
SantéServices aux ménagesLa télésurveillance médicale n’a pas connu un essor aussi spectaculaire que la téléconsultation depuis la pandémie. La faute à un cadre de remboursement inabouti qui freine le déploiement d’outils destinés à la prise en charge à distance des maladies chroniques. A priori, il faudra patienter jusqu’en 2022 pour obtenir un remboursement de droit commun de la télésurveillance médicale par l’assurance maladie. Il s’agit pourtant d’un marché à fort potentiel et hautement stratégique. Les patients atteints de maladies chroniques représentent en effet 35% des assurés sociaux (soit 21 millions de personnes couvertes par le régime général) et plus de 100 milliards d’euros de dépenses chaque année (plus de 60% du total des dépenses de l’assurance maladie). Un poids qui va augmenter avec, entre autres, le vieillissement de la population. Cinq principaux champs thérapeutiques sont en ligne de mire : diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance respiratoire, insuffisance rénale et oncologie. Sur la base des cinq pathologies prises en charge dans le cadre des expérimentations ETAPES et d’un taux d’équipement de 5% des populations cibles projetées en 2023, le potentiel du marché de la télésurveillance médicale grimpe à 682 millions d’euros, d’après nos calculs. Compte tenu de la taille de leurs populations, le diabète (53% des montants) et l’insuffisance respiratoire chronique (38%) sont les deux segments thérapeutiques à plus fort potentiel.
Dans ces conditions, la recomposition du jeu concurrentiel va étroitement dépendre du cadre définitif de prise en charge des solutions. Structures de soins, industriels de santé, prestataires de soins à domicile (PSAD), plateformes de téléconsultation ou encore éditeurs de solutions e-santé sont pour l’instant dans l’expectative. Seule certitude : l’assurance maladie semble bien déterminée à ne pas laisser le champ libre aux industriels. Autrement dit, une grande partie des marchés traditionnels des industriels de santé sera soumise à des financements conditionnés par le succès des solutions de télésurveillance associées. Ce levier de pression sera utilisé en priorité par l’assurance maladie dans les champs thérapeutiques où médicaments et dispositifs médicaux pèsent lourd dans les coûts totaux des soins. C’est surtout le cas dans le diabète (48% des dépenses), l’insuffisance respiratoire chronique (39%) et l’insuffisance cardiaque chronique (31%). En dehors du champ des expérimentations ETAPES, d’autres segments thérapeutiques semblent également en ligne de mire à l’image de l’hypertension artérielle (35% des coûts consacrés aux produits de santé) et l’oncologie (15% à 30% en moyenne selon les cancers).
La structuration de la filière prend de fait deux directions diamétralement opposées. D’un côté, une logique d’ultra-spécialisation des outils pour obtenir leur validation clinique ; de l’autre, une logique d’agrégation des solutions et de plateformes de coordination des soins. Les industriels de santé et les prestataires de santé à domicile sont quasi exclusivement promoteurs de la première approche qui aborde la télémédecine comme un approfondissement de produits ou de prestations préexistantes. La deuxième approche a elle été adoptée par certains spécialistes de la télésurveillance médicale, à l’image du leader mondial du télésuivi du diabète Glooko. Au-delà, la logique concurrentielle pousse à des mouvements de convergence entre tous les domaines d’activités de la e-santé.
Les industriels de santé semblent a priori les mieux placés pour industrialiser l’essentiel des activités de télésurveillance médicales. Ils ne manquent en effet pas d’atouts entre leurs moyens financiers, la maîtrise du market access à une échelle globalisée ou encore leur puissance de feu marketing et commercial. Pourtant, le basculement d’une logique produit vers une approche élargie d’accompagnement et de coordination des parcours de soins ne va pas forcément de soi pour eux. Cela pourrait faire le jeu des plateformes « universelles » portées par des start-up spécialisées et des éditeurs de logiciels, au détriment des solutions « liées » associées à des dispositifs médicaux spécifiques portées par les industriels.
Dans les faits, on se dirige vers une structuration de l’activité autour de schémas exploitant les compétences complémentaires des grands groupes et des start-up. C’est le sens de la multiplication des partenariats à différents niveaux : co-conception des solutions, accès au remboursement, délégation de distribution, soutien institutionnel, soutien à l’internationalisation, jusqu’à la prise en charge financière des solutions. C’est dans la télésurveillance de l’oncologie que les alliances sont aujourd’hui focalisées prioritairement. La crise sanitaire et le remboursement de droit commun obtenu par Sivan Innovation pour Moovcare dans la télésurveillance des cancers du poumon ont fait office de catalyseur pour la mise en place de nouveaux partenariats.
Leviers d’évangélisation et de viabilisation de l’activité et scénario prospectif sur le jeu concurrentiel
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