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Les cours en ligne, planche de salut de la formation professionnelle ?

AVIS D'EXPERT | Alexandre Boulegue | Publié le 02 Octobre 2020

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Dans quel état le secteur de la formation professionnelle est-il sorti de la crise de la COVID-19 ?

Touchée de plein fouet par la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie de Covid-19, le marché français de la formation professionnelle s’est efforcé de limiter la casse. En clair, il a autant que possible basculé sur la formation à distance. Toutes les activités présentielles ont de fait été suspendues pendant le confinement et la reprise de l’accueil du public doit désormais respecter des conditions sanitaires strictes. Pour bien comprendre le virage pris par les organismes de formation (OF) et les centres de formation agréés (CFA) il faut savoir qu’avant la crise, seules 10% des formations étaient dispensées à distance et qu’en l’espace d’un mois cette part aurait doublé, voire triplé. Mais 70% à 75% de l’activité ont été cependant à l’arrêt, en particulier ceux qui nécessitent une partie pratique (transport, industrie, etc.). Et malgré le lancement d’une campagne de communication #JeMeFormeChezMoi, la demande sera pénalisée à moyen terme. Des grands comptes pourraient reprendre les formations en 2021 et plusieurs secteurs (transport, hébergement et restauration, services à la personne…), qui placent d’importants contingents de salariés en formation, seront durablement affectés par la crise. Les investissements publics, la montée en puissance du segment BtoC et le développement de l’apprentissage sont néanmoins attendus comme des relais de croissance. Dans ces conditions, le chiffre d’affaires des OF devrait plonger de 13% en 2020 avant de se redresser mécaniquement en 2021 (+9%) et plus modestement en 2022 (+5%) et 2023 (+3%) à la faveur de la reprise de l’activité en présentiel, selon notre scénario. Cette crise sanitaire aura eu le mérite de valider la formation à distance auprès des entreprises et des particuliers. En réalité, le Covid-19 a donné un coup d’accélérateur au e-learning. Les demandes de cours en ligne ont en effet explosé. Or, les coûts pédagogiques de ceux-ci ont été pris en charge à partir du 14 avril à 100% par l’État, via le dispositif FNE-Formation, pour les salariés au chômage partiel (plus de 11 millions d’actifs éligibles) à la demande de leurs entreprises. Dès lors, les stratégies de transformation numérique ont pris toute leur importance.

 

Comment les acteurs de la formation professionnelle se sont-ils adapatés ?

En cette période de crise, les OF ont adapté leur catalogue de formations pour répondre aux besoins des clients (management des équipes en télétravail, sécurité et santé au travail, gestion et communication de crise, continuité d’activité…). Et l’explosion du télétravail a rendu incontournable les efforts sur l’image de marque et la qualité perçue pour recruter de nouveaux clients sur le web et les réseaux sociaux. À ce petit jeu, les spécialistes de la formation à distance (Openclassrooms, Fun MOOC, CNED) ont enregistré un bond de leur audience. Les investissements dans le développement de plateformes LMS/LEP se sont aussi révélés fructueux avec des entreprises clientes qui ont profité de l’activité partielle et des aides étatiques pour intensifier leurs programmes de formation. En revanche, le confinement et les mesures sanitaires post-confinement incitent à reconsidérer le développement des réseaux de centres, l’une des ambitions du CNAM dans les villes moyennes. Cependant, la proximité avec le client et l’enseignement en présentiel par des tuteurs qualifiés resteront les principaux atouts des OF traditionnels, en particulier pour les acteurs formant à des métiers techniques. La crise a aussi perturbé le calendrier d’internationalisation des leaders pour cause d’investissements à arbitrer. Mais les projets ne seront pas fondamentalement remis en cause. Rappelons que le numéro un Cegos s’est renforcé au Brésil via le rachat de Crescimentum en février 2020. Dans ce nouveau contexte, les cartes du jeu concurrentiel sont à l’évidence en train d’être rebattues. Tous les acteurs ne sont en effet pas logés à la même enseigne en matière de e-learning. Confortés par la réforme de 2018 qui avait mis l’accent sur l’innovation pédagogique et la formation à distance, les spécialistes du e-learning sont les grands gagnants de la crise du Covid-19, attirant une audience nombreuse lors du confinement, à l’instar d’acteurs français (OpenClassrooms, Fun MOOC, etc.) ou étrangers (Udemy, Coursera, EdX, etc.). Les leaders historiques ayant investi dans la numérisation de leur offre ces dernières années, en ont également récolté les fruits. Pour mener à bien cette transformation, les OF traditionnels se sont jusqu’ici appuyés sur les EdTech, alliés de circonstances qui leur fournissent les solutions technologiques nécessaires. Aussi, certains acteurs ont recouru à la croissance externe pour mettre la main sur une expertise technologique. C’est le cas d’Apave qui a racheté durant l’été 2019 la start-up Variable, éditrice avec WeUp Learning & The MOOC Agency de solutions pour la digitalisation de parcours de formation (serious game, MOOC, videos learning, mobile learning ou encore micro-learning). Face à ce nouvel environnement économique, la consolidation du secteur semble inéluctable. Avec la fin du filet public de sécurité, les structures les plus fragiles sont sans doute condamnées à disparaître. Et ce, alors que plusieurs organismes avaient rencontré des difficultés de trésorerie dans la foulée des mouvements sociaux de décembre 2019. L’assainissement du marché résultera également de la réforme mise en œuvre par la loi « Avenir professionnel », même si le couperet de l’accréditation qualité pour les OF a été repoussé au 1er janvier 2022.

 

A-t-on vu de nouveaux concurrents arriver sur le marché ?

Grace à leur modèle éprouvé qui consiste à agréger des ressources externes en les monétisant auprès d’une ou plusieurs faces du marché (utilisateurs, entreprises, annonceurs…), les géants du numérique pourraient également en profiter pour ravir des parts de marché aux acteurs historiques. LinkedIn (Microsoft) développe ainsi son service LinkedIn Learning en misant sur l’analyse des données pour détecter notamment les « skill gaps », les écarts entre les compétences de ses utilisateurs et celles demandées dans les offres d’emploi. Le réseau social professionnel a proposé pendant le confinement des parcours de formation gratuits (télétravail, bien-être, résilience et conduite du changement) et le nombre de cours visionnés a bondi de 45% en mars. La montée en puissance du segment BtoC constitue par ailleurs un gisement de croissance pour le secteur. Désormais, il faut convaincre les particuliers en lieu et place des entreprises, un changement de paradigme pour les OF traditionnels positionnés en BtoB A cet égard, le compte personnel de formation (CPF), temporairement entravé, pourrait bien être un outil de relance économique pour le secteur. Certes, le nombre de demandes journalières a été divisé par trois pendant le confinement sur l’application Mon Compte Formation (lancée en novembre 2019). Mais les inscriptions en formation à distance ont bondi de 30%. À terme, l’essor du CPF devrait se traduire par une homogénéisation progressive des tarifs sur le segment BtoC en raison d’une transparence accrue. Dès lors, certains OF souffriront d’un manque à gagner, ce qui les forcera à optimiser leurs coûts ou à se repositionner.

POUR APPROFONDIR LE SUJET
Le marché de la formation professionnelle

Quelles perspectives de croissance pour 2026 ? Quelles stratégies privilégier à l’heure de la baisse des financements publics ?

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Alexandre Boulègue est directeur du bureau d’études Xerfi Intelligence Stratégique, qui produit chaque année plus de 1000 études sur la conjoncture et les performances des entreprises de l’ensemble des secteurs de l’économie française. Il est également rédacteur en chef de la lettre d’information mensuelle sur la conjoncture Xerfi Prévisis.

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