Le transport frigorifique se veut éco-responsable

La flambée des prix de l'électricité, les nouvelles réglementations environnementales et l'importance croissante des critères RSE transforment le secteur de la logistique du froid. Les transporteurs ambitionnent en effet d’optimiser leurs modèles économiques et cherchent à adopter des énergies plus vertueuses. Cette transition écologique favorise également la consolidation du marché, avec des opérations de fusion-acquisition menées par les leaders du secteur et l'arrivée d'acteurs généralistes en quête de diversification.

 

Les têtes de pont du transport frigorifique en France, tels que STEF et Sofrilog, ont de fait multiplié les initiatives pour répondre aux enjeux environnementaux. L'optimisation des modèles économiques est la première d’entre elles, avec une meilleure organisation des plans de transport pour limiter les kilomètres parcourus et maximiser le taux de remplissage des camions. La transition vers des énergies moins carbonées ou décarbonées est un deuxième levier possible. Des alternatives telles que le gaz naturel (GNV ou bioGNV) sont ainsi expérimentées par des groupes comme Perrenot ou STG. Les biocarburants, notamment le B100, suscitent également un intérêt croissant chez les transporteurs. Malgré un usage très limité de véhicules électriques frigorifiques, des tests prometteurs sont en cours, en particulier avec des remorques frigorifiques équipées de batteries alimentées par des panneaux solaires. L'hydrogène présente également un potentiel intéressant.

 

La transition écologique stimule la consolidation du marché

Les investissements nécessaires à la transition écologique et énergétique du transport frigorifique requièrent toutefois des capacités de financement conséquentes. De quoi favoriser la consolidation du marché en France et en Europe. Via des opérations de croissance externe, les majors du secteur élargissent leur portefeuille clients, capturent de nouveaux volumes d’affaires et couvrent davantage de zones géographiques. Les acquisitions permettent aussi de bénéficier de complémentarités en termes de métiers et de spécialités. Parfois confrontées à des problèmes de succession, des sociétés familiales sont aujourd’hui des cibles potentielles. À ce petit jeu des rachats, des transporteurs comme STEF, Olano et Sofrilog se sont montré très offensifs ces derniers mois, jouant les « consolidateurs ».

 

Des acteurs généralistes à la conquête du marché

Malgré les spécificités de la logistique du froid, le transport frigorifique n’est pas qu’une affaire de spécialistes. De plus en plus de généralistes du transport se tournent en effet vers le secteur du froid. Ils ambitionnent alors de diversifier leurs activités et de profiter des besoins croissants de transport sous température dirigée. Ces opérateurs, tels que les groupes Malherbe, Mousset ou encore Geodis, se sont ainsi vite fait une place dans le paysage concurrentiel à coup d'acquisitions ciblées.

Le groupe Malherbe a récemment mis la main sur la structure familiale L'Étoile Routière, renforçant ainsi sa présence dans le transport frigorifique. Avec le rachat des Transports Salesky, spécialisés dans le transport frigorifique, Mousset s’est, de son côté, hissé dans le peloton de tête des acteurs du secteur en France. Le groupe Geodis a, lui, pris de l’ampleur dans le transport de produits pharmaceutiques à la faveur des acquisitions des Transports Gandon en France et du groupe Trans-o-flex en Allemagne.

 

Alexandre Boulègue est directeur du bureau d’études Xerfi Intelligence Stratégique, qui produit chaque année plus de 1000 études sur la conjoncture et les performances des entreprises de l’ensemble des secteurs de l’économie française. Il est également rédacteur en chef de la lettre d’information mensuelle sur la conjoncture Xerfi Prévisis.