

FIL D'INFO - LE BLOG DES SECTEURS
Trois questions à Sabine Gräfe
Publié le 11 Janvier 2021
Le plan de relance devrait jouer un rôle d’amortisseur de la crise en 2021 alors que le « quoi qu’il en coûte » présidentiel doit permettre de traverser la tempête actuelle. Mais il ne faut pas se leurrer : les incertitudes sont extrêmes, la visibilité sur la conduite des affaires nulle et la rentabilité des entreprises sous tension, en particulier pour les secteurs mis sous cloche par les mesures sanitaires. Autant d’éléments susceptibles de calmer les acteurs du private equity. Déjà, les résultats du premier semestre donnent le ton. Et la plupart des indicateurs s’inscrivent en recul à l’image des levées de fonds (-7% à fin juin, à comparer à une chute de 60% en 2009) ou encore des investissements des sociétés de capital-investissement (7,7 milliards au premier semestre contre 7,8 milliards au premier semestre 2019). En réalité, la crise a cassé la dynamique du capital-investissement en France et de nombreux risques planent désormais sur la profession. Je pense notamment aux probables effets de second tour liés à l’envolée historique de l’endettement des entreprises. Les stop and go de l’économie ne risquent pas non plus d’arranger les choses. Pour mémoire, rappelons que l’année 2019 restera celle des records pour le marché du capital-investissement avec près de 21 milliards d’euros levés par les acteurs et plus de 19 milliards (+30%) injectés dans l’économie réelle. Ce remarquable dynamisme ne manquait pourtant pas de poser certaines questions, à commencer par celle d’une inflation des valorisations des entreprises avec des conséquences potentielles sur les rendements futurs des fonds.
Même si le bilan de l’année 2020 sera mauvais pour le capital-investissement en France, il est pourtant loin d’être désastreux. Les contreperformances sont en effet très éloignées celles constatées lors de la crise des subprimes. Les réserves de cash des fonds, elles, atteignent des sommets, fruits de levées de fonds passées et présentes. A titre d’exemple, le leader français Ardian, qui a annoncé le closing final en septembre de son fonds Expansion V en six mois seulement, à 2,2 milliards d’euros. C’est deux fois plus que lors de la précédente opération. Au-delà, le private equity va devoir piloter son activité sur la base de différentes temporalités. À court terme, les opérateurs vont devoir consentir de nouveaux investissements performants et dépenser les fonds disponibles alors que le nombre de deals diminue. A plus long terme, les gérants vont devoir préserver leurs investissements passés, créer de la valeur et faire la preuve de leur capacité à générer de la performance s’ils veulent mener à bien leurs prochaines levées de fonds. En somme, ils vont devoir déployer des talents d’équilibriste. Rappelons tout de même que le private equity réalise en général ses meilleures opérations en temps de crise, soit lorsque la valorisation des entreprises décroît. Et c’est déjà le cas. Une fois la situation économique stabilisée et la visibilité retrouvée, le marché du capital-investissement devrait rapidement renouer avec une dynamique de croissance relativement soutenue. Si l’année 2021 s’annonce mitigée, 2022 devrait marquer un retour à la normale et une reprise franche sur le marché.
La crise sanitaire va en effet affecter la structure concurrentielle du capital-investissement en alimentant une course à la taille. Plus prudents et sélectifs, les souscripteurs privilégient en temps de crise les fonds installés et d’une certaine envergure avec lesquels ils entretiennent des relations de longue date. Cette course à la taille s’est déjà manifestée à travers des rapprochements, acquisitions et autres partenariats financiers, faisant émerger de véritables plateformes, positionnées sur tout l’univers du private equity mais également dans d’autres classes d’actifs (immobilier, dette privée, infrastructures…). L’année 2020 n’a pas dérogé à la règle puisque six nouvelles opérations ont été recensées sur les dix premiers mois de l’exercice. Cette compétition entre les acteurs de toute taille n’en reste pas moins très relative car propre à chaque acteur. Finalement, les structures les plus résilientes seront celles qui auront choisi un terrain de bataille pertinent au regard de leur modèle et de leurs avantages concurrentiels.
Collaboratrice de Xerfi depuis 1994, Sabine Gräfe est Directrice d'études et experte dans les secteurs Assurance-Banque-Finance. Elle est titulaire d’un master de l’Université Paris X-Nanterre en monnaie et finance.
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