Boiron se diversifie dans la santé naturelle

Boiron, laboratoire français spécialisé dans l'homéopathie, a su faire preuve de résilience et d'innovation. Après le déremboursement de l'homéopathie en 2021, le groupe a enregistré une chute significative de ses ventes. Cependant, après une restructuration drastique et une diversification stratégique de ses activités, Boiron est parvenu à inverser la tendance. Il se positionne désormais sur de nouveaux marchés prometteurs tout en renforçant son offre en homéopathie de spécialité. Dotée d'une solide trésorerie, Boiron semble plus armé que jamais pour s’imposer sur le marché de la santé naturelle.

En 2021, le déremboursement de l'homéopathie a porté un coup dur à Boiron, leader français et mondial de l'homéopathie. Les ventes de médicaments à nom commun ont chuté de 15% en 2022, après une baisse de 40% l'année précédente. Même l'homéopathie de spécialité, souvent achetée en automédication et donc non remboursée, a enregistré une chute sans précédent. Après une restructuration drastique de ses activités, incluant la cession du site de Montrichard, la fermeture d'une dizaine de plateformes régionales de préparations magistrales et la suppression de 450 postes, Boiron a riposté. Et les résultats commencent à se faire sentir : son chiffre d'affaires a enregistré un net rebond en 2022 et plusieurs indicateurs suggèrent que cette dynamique va se poursuivre.

Boiron capitalise sur sa marque pour une stratégie de diversification gagnante

Boiron a en effet le potentiel pour devenir un leader de la santé naturelle. La marque « Boiron » jouit d'une forte notoriété, d'une visibilité importante et d'une certaine crédibilité, grâce à sa présence dans toutes les pharmacies françaises. Ces atouts lui confèrent une force de frappe significative pour le lancement de nouveaux produits. Et la capacité de Boiron à se déployer sur de nouveaux marchés est remarquable. En un temps record, l'entreprise a su se positionner avec succès sur de nouveaux segments tels que les auto-tests, les tests combinés Covid-grippe, les traitements à base de plantes, les probiotiques, les cosmétiques, tout en étant attaquée sur son cœur de métier. Dans ce contexte, Boiron a su s'allier avec des fabricants tiers pour éviter les échecs commerciaux qui auraient pu lui être fatals.

L’innovation, l’autre facteur clé de Boiron

Si le groupe pharmaceutique a certes chercher à réduire sa dépendances aux ventes de produis homéopathiques, il n’en oublie pas son ADN. Boiron est ainsi resté offensif avec les mises sur le marché de plusieurs nouveautés dans l'homéopathie de spécialité avec des produits comme Varésol pour le traitement de la varicelle, ConvaMéo pour la fatigue, Labiaméo pour l'herpès labial. Les nouveaux produits lancés depuis 2020 ont généré 50 M€ de chiffre d'affaires en 2021, puis 78 M€ en 2022, soit près de 15% de son chiffre d'affaires consolidé.

Disposant de ressources financières importantes avec une trésorerie nette de 250 M€ fin 2022, le groupe peut facilement mobiliser ce trésor de guerre pour financer des opérations de croissance externe ou des investissements dans son outil industriel, et ainsi soutenir une stratégie de déploiement audacieuse. Boiron s'est d’ailleurs récemment illustré en prenant le contrôle d'Abbi, une start-up capable de réaliser des diagnostics de peau à partir d'une photo, grâce à une intelligence artificielle.

Collaboratrice de Xerfi depuis 2010 et aujourd’hui directrice d’études, Cathy Alegria est spécialiste des services de santé et des secteurs liés au grand âge. Elle analyse les transformations profondes qui traversent ces filières : évolution des parcours de soins, structuration de l’offre de soins primaires, développement des prises en charge à domicile, adaptation de l’offre d’hébergement pour senior et enjeux liés au vieillissement. Ses travaux portent également sur les acteurs de ces secteurs, des groupes de l’hospitalisation privée aux généralistes de la dépendance, en passant par les structures d’aide à domicile, dont elle étudie les dynamiques concurrentielles, les stratégies de croissance et les modèles économiques.

Diplômée de Sciences Po Lyon et de l’EM Lyon, elle intervient aussi sur un ensemble plus large de services aux ménages et encadre de nombreux travaux dans les secteurs du tourisme et des loisirs. Elle supervise la construction de cartographies concurrentielles, de diagnostics d’entreprises et de recommandations stratégiques permettant aux dirigeants de comprendre les évolutions réglementaires, d’anticiper la demande et d’affiner leurs stratégies de positionnement.

En interne, elle participe à la montée en compétence des analystes en accompagnant le développement méthodologique et sectoriel des équipes. Elle intervient aussi sur Xerfi Canal, où elle présente des vidéos offrant des éclairages pédagogiques et structurés sur les dynamiques économiques, les tendances démographiques et les transformations du monde de l’entreprise.