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Vente en vrac : de nombreux freins restent à lever

AVIS D'EXPERT | Matteo Neri | Publié le 02 Février 2022

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Si le vrac a longtemps été le mode de distribution privilégié du commerce de détail, il a peu à peu cédé la place aux produits préemballés compatibles avec le libre-service des GSA dans les années 1960. Un changement majeur qui a permis aux grandes marques de produits de grande consommation (PGC) d’émerger et qui a signé les débuts de la consommation de masse. Aujourd’hui, la résurgence du vrac sous une nouvelle forme, celle du libre-service, est étroitement liée à l’essor des magasins bio. L’essor de la vente en vrac en trémies intervient d’ailleurs au milieu des années 2010 avec la montée en puissance du bio, l’apparition des enseignes spécialisées (Day by Day) et l’extension de l’offre en GMS.

 

Vrac : coup d'arrêt en 2021 dans un contexte de crise sanitaire

Malgré le coup d’arrêt de 2021 lié à la crise sanitaire, le vrac a fait une percée remarquée dans les habitudes de consommation d’une partie des Français. Le marché tricolore du vrac en trémie a ainsi généré 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Et il se partage entre les GMS (49%) et les magasins bio (46%), les épiceries spécialisées comme Day By Day réalisant le solde. Et le marché n’a pas encore exprimé tout son potentiel de croissance. L’environnement réglementaire favorable, avec la loi Climat et Résilience, l’arrivée des grandes marques des PGC (Kellogg’s, Panzani, Carte Noire...) et l’extension de l’offre à de nouvelles catégories de produits (laitiers, cafés, non alimentaire…) offrent encore d’importantes opportunités de développement. Le marché du vrac en trémie devrait d’ailleurs s’apprécier de 8,6% par an en moyenne pour atteindre 1,8 milliards d’euros d’ici 2025, selon les experts de Xerfi Precepta.

Toutefois, plusieurs irritants freinent la demande (praticité, hygiène, prix) tandis que du côté de l’offre, un modèle économique conjuguant vrac et marques reste à inventer afin notamment de contourner les problèmes liés à la complexité et aux coûts de la chaîne logistique. Par ailleurs, peu compatible avec les grosses courses en hypers, le vrac serait plutôt adapté aux petits commerces de proximité. Et il coûte plus cher que le préemballé aux distributeurs, alors que les consommateurs exigent des prix plus compétitifs. Sans oublier que l’absence d’emballage ne fait pas forcément l’affaire des industriels soucieux de promouvoir leurs marques. Dans ces conditions, la loi Climat et Résilience pourrait donc favoriser les investissements des enseignes sur leurs rayons produits frais traditionnels (PFT) plutôt que sur le vrac en trémie. Rappelons que la définition du vrac revêt une importance cruciale. Dans son acception la plus large – les PFT des GSA vendus à la pesée en libre-service (fruits et légumes, boulangerie) ou en vrac assisté (boucherie, charcuterie, poissonnerie, crémerie à la coupe) ainsi que les produits hors frais – le vrac représente 18% du chiffre d’affaires total des GMS, soit environ 19 milliards d’euros. Mais si on limite le périmètre du marché au seul vrac en trémie, son poids est anecdotique pour les hypers et supermarchés (moins de 1% des ventes) mais stratégique dans les magasins bio (5% à 20% du chiffre d’affaires). Pour mesurer avec précision le véritable impact sur le marché de la loi Climat et résilience qui concerne le vrac au sens large, il faudra en outre attendre la publication du futur décret pour connaître les catégories de produits concernées.

  

L’extension de l’offre, principal levier de croissance

L’extension de l’offre devrait constituer le principal levier de croissance du marché. Cela passe par l’entrée en scène des grandes marques nationales (Kellog’s, Barilla, Panzani, Lustucru ou encore Uncle Ben’s) sur le segment de l’épicerie et l’arrivée de nouvelles catégories à l’image des produits laitiers (Danone, Bell), des cafés (Nescafé, Carte Noire, Lobodis, Méo) ou encore du non alimentaire (Briochin, Persil, Cajoline et Skip) ainsi qu’à de nouveaux circuits comme le drive. Malgré la suppression des emballages primaires, le vrac reste plus coûteux que le préemballé en GMS. Pour l’heure, seule l’offre full service de Juste Bio s’est imposée. Les distributeurs sont toutefois à la recherche d’un modèle. Celui des trémies en carton (livrées préremplies en magasins) pourrait être rentable à moyen terme, sous réserve de l’émergence d’une filière de sous-traitants avec des logisticiens chargés du reconditionnement et/ou du remplissage des trémies et d’entreprises spécialisées dans le nettoyage, selon l’Ilec. En d’autres termes, le modèle en trémie traditionnelle devrait céder du terrain. La présence de nombreux irritants pour les consommateurs mais aussi des contraintes d’organisation et des coûts additionnels pour les distributeurs et les industriels entravent la progression du marché du vrac. Malgré de nombreux progrès, la mise au point de nouveaux équipements et matériels plus performants semblent un préalable indispensable à l’essor du marché du vrac.

  

Trois grands profils d’acteurs

Trois grands profils d’intervenants évoluent sur le marché du vrac : les producteurs (rarement spécialisés à la notable exception de Juste Bio), les distributeurs (enseignes alimentaires généralistes, magasins bio, enseignes et sites de e-commerce spécialisés dans le vrac) et les fabricants d’emballage ou de matériel de distribution (bacs, trémies…). Avec l’évolution du modèle économique, deux nouvelles catégories émergent : les logisticiens en charge du reconditionnement et/ou de la gestion des trémies (remplissage), à l’image de FM Logistic, et les spécialistes du nettoyage des bacs, trémies et contenants consignés (Uzage, Bout à Bout…).

POUR APPROFONDIR LE SUJET
Le potentiel du marché du vrac

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Après plusieurs expériences dans le secteur des vins et spiritueux et des achats, Matteo Neri a rejoint le groupe Xerfi en 2015. Aujourd'hui, il est directeur d'études et expert dans le secteur de l'agroalimentaire. Matteo Neri est titulaire d’un master II en Sciences Politiques de l’Università Degli Studi di Siena.

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