Le boom de la cybersécurité "à la demande"

Les investissements en logiciels et services de sécurité IT explosent. Et nous ne sommes qu’au tout début de ce phénomène… de quoi assurer une solide croissance au marché de la cybersécurité à l’avenir selon l’étude Xerfi Precepta. Il y a 4 raisons à cela. D’abord, la crise sanitaire a été propice aux cyberattaques entre les nouvelles vulnérabilités liées au télétravail, le bond des paiements en ligne frauduleux ou encore la recrudescence des ransomwares… Les attaques informatiques auraient d’ailleurs quadruplé en France en 2020. Deuxièmement, les entreprises, grandes et petites, prennent de plus en plus en compte le risque cyber, car une attaque peut totalement paralyser l’activité. Elles débloquent dès lors des budgets pour s’en protéger. Troisièmement, le durcissement de la réglementation est aussi porteur pour ce marché. Une révision du cadre européen est en cours et devrait déboucher sur un renforcement des exigences de sécurité imposées aux entreprises ainsi que l’amélioration de la sécurité des chaînes d'approvisionnement et des relations avec les fournisseurs. Enfin, les acteurs du marché se montrent très offensif en marketant parfaitement leur offre et en s’adaptant aux attentes des clients.

En croissance de 15% par an, ce marché hyperattractif attise naturellement les convoitises. On trouve ainsi des ESN, des éditeurs de logiciels, des spécialistes de la cybersécurité, des groupes de la défense, des opérateurs télécoms ou encore des acteurs de la virtualisation et hébergeurs. Tous ne sont pas en concurrence les uns avec les autres soit parce qu’ils occupent des places différentes au sein de la filière soit parce qu’ils sont spécialisés sur un segment particulier. On compte aussi les géants du numérique comme Amazon, Google et Microsoft. Amazon Web Services et Microsoft Azur se positionnent déjà grâce à leurs marketplaces comme des intermédiaires de choix pour commercialiser en masse les logiciels de sécurité des éditeurs. En France, trois acteurs dominent le marché de la cybersécurité tout segment confondu : Orange, IBM et Thales. Ils sont donc bien placés pour tirer parti du boum des investissements. Le rapprochement entre Thales et Gemalto en 2019 a au passage donné naissance à un des leaders européens de la sécurité numérique.

L’innovation est naturellement un axe de développement fondamental pour tous les acteurs qui souhaitent tirer profit du boum du marché. En figure de proue des innovations, on retrouve la cryptographie quantique ou la blockchain. Je pense aussi aux technologies d’intelligence artificielle qui permettent d’automatiser les prestations des offreurs de solutions. Pour contrebalancer la pénurie en matière de ressources humaines, les acteurs misent sur des offres managées dans lesquelles ils mettent à disposition de leurs clients des experts de la cybersécurité. Orange Cybersécurité ou Capgemini ont été des précurseurs en la matière. Ils sont aujourd’hui rejoints par les éditeurs de logiciels comme F-Secure. Ce spécialiste des anti-virus propose les services d’informaticiens mutualisés qui analysent les données et réseaux de l’entreprise et signale tout incident de sécurité majeur. La cybersécurité devient dès lors une prestation de service externalisé, on parle ainsi de « cybersecurité as a service ». Et c’est sans doute cette dernière logique qui va s’imposer à terme et conditionner en retour les stratégies de croissance des entreprises tout en redessinant le paysage concurrentiel…

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