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Les consommateurs grands gagnants de l'ouverture du marché de l'assurance emprunteur

AVIS D'EXPERT | Sabine Grafe | Publié le 23 Février 2021

Assurance



Comment le marché français de l’assurance emprunteur va-t-il évoluer d’ici 2022 ?

Eu égard à la taille du marché, qui ne représente qu’un peu plus de 9,8 milliards d’euros de cotisations annuelles (contre 205 milliards de revenus générés par l’assurance de personnes et plus de 250 milliards de chiffre d’affaires pour l’assurance dans son ensemble), l’activisme des forces en présence, du législateur et des autorités de contrôle autour de l’assurance emprunteur peut sembler surprenant. En réalité, ce sont ses particularités qui suscitent l’intérêt, à commencer par le caractère pluriannuel des garanties qui courent sur toute la durée du prêt qu’elles couvrent. En clair, l’assurance emprunteur est un formidable produit de fidélisation. Ensuite, les marges générées par ce produit expliquent également l’intense lobbying dont il fait l’objet. Enfin, pour les banques, l’importance de l’assurance emprunteur reste étroitement liée à celle du crédit immobilier. Produit d’appel par excellence, il est de fait le premier levier de conquête client. C’est d’ailleurs le dynamisme du financement de l’habitat qui alimente l’essentiel de la croissance du marché de l’assurance emprunteur. Les cotisations reposent en effet pour plus de 70% sur les seules garanties liées à la couverture des prêts immobiliers. Or, la production de nouveaux crédits immobiliers a battu des records ces dernières années. Une dynamique de croissance que la crise sanitaire n’a pratiquement pas écornée. L’impact des marchés du crédit à la consommation et des prêts aux professionnels sur celui de l’assurance emprunteur a en revanche été plus diffus. Après un taux de croissance annuel moyen de 4% depuis 2006, le marché de l’assurance emprunteur devrait traverser la crise sans trop de dommages avec des cotisations en hausse de 2,5% à 3,5% par an en moyenne entre 2021 et 2022 pour s’établir à quelque 10,5 milliards d’euros, notamment grâce à la résistance des transactions immobilières et donc de leur financement, d’après nos prévisions.

 

Quel a été l’impact de l’ouverture du marché à la concurrence sur la physionomie du marché ?

Progressive depuis 2010, l’ouverture du marché de l’assurance emprunteur à la concurrence a eu un véritable impact sur le paysage concurrentiel. Le nombre de forces en présence a en effet sensiblement augmenté et la compétition s’est fortement accrue. Dans ce contexte, le marché a été le théâtre d’une baisse généralisée des tarifs chez les acteurs « alternatifs » (jeunes pousses ou assureurs) puis les leaders bancaires. Ce qui a bien sûr pesé sur les marges. En revanche, les implications en termes de partage du marché sont plus mitigées. Attaquées de toutes parts, les banques ont prouvé leur remarquable capacité de résistance (contrats individuels « maison », partenariats avec certains acteurs « alternatifs », segmentation plus fine et alignement des prix). En toute logique, le poids des contrats groupes a reculé tandis que les contrats individuels des banques représentent désormais plus de 13% des ventes, soit une part supérieure à celle des contrats alternatifs externes. L’amélioration de l’expérience client a également été au centre de nombreuses attentions sous l’impulsion des acteurs « alternatifs ». C’est ainsi que la simplification des parcours clients, la mise en place de services d’accompagnement ou encore l’allègement des formalités médicales devient peu à peu la règle. Un mouvement qui doit beaucoup à l’arrivée de jeunes start-up sur le marché, surfant sur la digitalisation progressive de l’assurance emprunteur. La bascule sur la toile présente également d’autres avantages. La dématérialisation des process ouvre de fait des perspectives en termes de coûts et redonne des marges de manœuvre financières sur un marché marqué par une vive compétition tarifaire. Au final, les consommateurs sont les grands gagnants de l’ouverture à la concurrence. Pour autant, l’équilibre des positions des forces en présence n’a pas été remis en cause par l’arrivée des acteurs « alternatifs ». Si les positions des banques s’érodent, ces dernières bénéficient d’un rapport de forces et d’un pouvoir de marché naturel leur permettant de maintenir leur leadership.

  

 

Est-ce à dire que la bataille du lobbying est bel et bien terminée ?

Avec le vote de la résiliation infra-annuelle, l’année 2020 aurait pu marquer une nouvelle étape déterminante dans l’ouverture du marché de l’assurance emprunteur à la concurrence. Cela aurait en effet pu amoindrir encore la position privilégiée des banques dans la chaîne d’octroi des crédits immobiliers. Voté par le Sénat, l’amendement concerné a finalement été retoqué en fin d’année par la Commission mixte paritaire. Dans la bataille des lobbys, les banques ont donc marqué un point. Leur victoire doit sans doute beaucoup à leur rôle dans le plan de soutien du gouvernement pour amortir l’impact de la crise économique actuelle via la distribution des prêts garantis par l’Etat (PGE). Depuis l’entrée en vigueur de ce dispositif au printemps 2020, les banques ont consenti plus de 131 milliards d’euros à plus de 638 000 entreprises. Cela a vraisemblablement joué en leur faveur, là où les assureurs se sont, eux, distingués par la polémique autour des garanties pertes d’exploitation. Toutefois, les acteurs « alternatifs » (dont les assureurs) n’ont pas dit leur dernier mot.

POUR APPROFONDIR LE SUJET
Le marché de l'assurance emprunteur à l'horizon 2024

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Collaboratrice de Xerfi depuis 1994, Sabine Gräfe est Directrice d'études et experte dans les secteurs Assurance-Banque-Finance. Elle est titulaire d’un master de l’Université Paris X-Nanterre en monnaie et finance.

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